vendredi 28 juin 2024

La gestion du patrimoine forain de Saint-Étienne de Troyes : de la crise à la conversion d'un espace urbain (XIVe-XVIe siècles)

Encore trop souvent est affirmé que Troyes s'est relevée du Temps des Malheurs et s'est reconstruite et enrichie grâce à la reprise des Foires de Champagne. Outre une contribution au colloque et à ses actes "Guerre et pais en Champagne à la fin du Moyen-Âge. Autour du traité de Troyes", cet article est un élément supplémentaire montrant que les Foires de Champagne se sont éteintes avec les crises des XIVe et XVe siècles et qu'il faut chercher ailleurs les raisons de cette prospérité retrouvée au cours du "Beau XVIe siècle".


Voir par ailleurs la série : 


Résumé de l'article "La gestion du patrimoine forain de Saint-Étienne de Troyes : de la crise à la conversion d'un espace urbain (xive-xvie) siècles)", dans Guerre et paix en Champagne à la fin du Moyen Âge. Autour du traité de Troyes, Actes des journées d’étude de Dijon, Chaumont, Épinal et Troyes (2020-2021), Arnaud Baudin, Valérie Toureille et Jean-Marie Yante (éd.), Gand : Snoeck Publishers, 2024 (ISBN : 978-9-46161-868-9).

Les établissements ecclésiastiques troyens ont laissé des fonds archivistiques et manuscrits importants, en particulier le chapitre de la collégiale Saint-Étienne. Ces archives montrent que la collégiale Saint-Étienne était devenue une importante seigneurie ecclésiastique au sein de la ville de Troyes comme dans toute la Champagne méridionale, se voyant dotée d’un important patrimoine foncier et de ressources issues des foires de Saint-Jean et de Saint-Remy. Avec les crises qui se succédèrent dès le deuxième tiers du xive siècle, le ralentissement sinon l’arrêt du commerce international comme régional et local, au gré des épidémies et des guerres, les revenus issus des foires furent parmi les premiers touchés. Cette crise eut pour conséquence la dégradation de cet espace urbain, si actif, dynamique et animé au temps des foires. La lecture des registres des comptes laisse l’impression qu’une véritable friche commerciale s’étendait dans l’espace forain de la ville. Face à la disparition de revenus importants, les chanoines vont mener une politique de reconversion de leur domaine foncier forain, le transformant en un nouvel espace dynamique de production artisanale et résidentiel. Cette politique allait de pair avec la volonté municipale d’investir le centre de la ville, participant au relèvement de la ville tout en renonçant, de fait, aux revenus que procuraient les foires de Champagne et, par conséquent, au rétablissement des foires elles-mêmes.




Cette étude ouvre de nouvelles perspectives quant à l'évolution de l'urbanisme en cette fin du Moyen-Âge et au début de l'Epoque Moderne à Troyes, ville qui aujourd'hui entretien un "imaginaire médiéval" qui n'a pas existé. Quasiment toutes les maisons de la ville ont été reconstruites à partir de la fin du XVe siècle et des îlots, à l'exemple de la Cour de la Rose, occupés par des jardins, grange, vinée voire vignes, se sont densifiés qu'à partir du XVIe siècle et continuent encore à se densifier aujourd'hui à coup d'élévations pastiches comme dans la "Ruelle des Chats", à cette époque "Ruelle Mailliard".

Voir par ailleurs :