Encore trop souvent est affirmé que Troyes s'est relevée du Temps des Malheurs et s'est reconstruite et enrichie grâce à la reprise des Foires de Champagne. Outre une contribution au colloque et à ses actes "Guerre et pais en Champagne à la fin du Moyen-Âge. Autour du traité de Troyes", cet article est un élément supplémentaire montrant que les Foires de Champagne se sont éteintes avec les crises des XIVe et XVe siècles et qu'il faut chercher ailleurs les raisons de cette prospérité retrouvée au cours du "Beau XVIe siècle".
Voir par ailleurs la série :
Les établissements ecclésiastiques troyens ont laissé des
fonds archivistiques et manuscrits importants, en particulier le chapitre de la
collégiale Saint-Étienne. Ces archives montrent que la collégiale Saint-Étienne
était devenue une importante seigneurie ecclésiastique au sein de la ville de
Troyes comme dans toute la Champagne méridionale, se voyant dotée d’un
important patrimoine foncier et de ressources issues des foires de Saint-Jean
et de Saint-Remy. Avec les crises qui se succédèrent dès le deuxième tiers du xive siècle, le
ralentissement sinon l’arrêt du commerce international comme régional et local,
au gré des épidémies et des guerres, les revenus issus des foires furent parmi les
premiers touchés. Cette crise eut pour conséquence la dégradation de cet espace
urbain, si actif, dynamique et animé au temps des foires. La lecture des
registres des comptes laisse l’impression qu’une véritable friche commerciale
s’étendait dans l’espace forain de la ville. Face à la disparition de revenus
importants, les chanoines vont mener une politique de reconversion de leur domaine
foncier forain, le transformant en un nouvel espace dynamique de production
artisanale et résidentiel. Cette politique allait de pair avec la volonté
municipale d’investir le centre de la ville, participant au relèvement de la
ville tout en renonçant, de fait, aux revenus que procuraient les foires de
Champagne et, par conséquent, au rétablissement des foires elles-mêmes.