Le « Plan Coluel » a été mis en ligne sur le site des Archives départementales de l'Aube :
Le plan Coluel. Découvrez Troyes... en 1769 !
C'est l'occasion de publier ici une contribution, « Avoir pignon sur rue à Troyes dans les années 1760 », extrait des actes du colloque d’Histoire Régionale Compter les Champenois, qui s'était tenu à Reims les 26 et 27 avril 1996, organisé par le Centre d’Études Champenoises (Université de Reims-Champagne-Ardenne), sous la présidence du professeur Jacques Dupâquier, et publié par les Presses Universitaires de Reims en 1998 (pages p.33-43).
Récumé :
En 1752 une ordonnance prescrivit aux intendants de faire lever des plans exacts des principales villes du royaume. L'un des objets de ces plans était de constater l'alignement des rues et de faire procéder au redressement de celles-ci. Monsieur de Saint-Contest, Intendant de Champagne, commanda à Jean-Joseph Bocher de Coluel, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, de procéder à l'établissement du plan de Troyes dont les relevés commencèrent en 1757. Le plan fut achevé en 1769. Chacune des maisons qui borde les rues porte un numéro d'enregistrement et le nom du propriétaire. Le numéro 1 commence à l'Hôtel de Ville, le dernier numéro 2766 correspondant au Palais Royal, ancien palais de comtes de Champagne.
Contemporain de ce plan, daté de 1766, un registre non répertorié et conservé aux Archives Municipales de Troyes sous la cote 1*F enregistre par numéro de maison le nom de ceux qui les occupent, leur qualité ou profession, leur grade dans la milice bourgeoise, ajoutant parfois des observations diverses sur la nature de l'occupant. Ce registre est une source équivalente aux registres d'imposition, qui ont disparu pour cette période. Ces derniers répertoriaient les habitants par Compagnie de Garde de la milice bourgeoise. Ainsi le registre 1*F permet une connaissance relativement précise des métiers à Troyes dans cette deuxième moitié du XVIIIe siècle. En le comparant avec des registres d'imposition plus anciens, il est possible de faire apparaître une évolution quantitative de ces métiers.
L'association du « plan Coluel » et du registre 1*F permet de distinguer les propriétaires des occupants ou locataires de ces maisons. Il permet encore de reconstituer une topographie des métiers et de saisir la répartition spatiale de ceux-ci dans la ville. Une telle reconstitution ne pouvait être réalisée aussi finement par les registres d'imposition dont la correspondance entre les compagnies de gardes et les rues auxquelles elles devaient appartenir n'a pu être établie jusqu’à présent.
Ainsi le « Plan Coluel » et le registre 1*F permettent d'établir une géographie des professions ayant « pignon sur rue » à Troyes dans les années 1760.